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L’origine de nos fruits et légumes !

Prêts pour savourer les premiers paniers de Mens Sana ? Oui, mais savez-vous seulement à qui vous allez vraiment avoir affaire ? Sous leurs pépins ou au-dessus de leurs noyaux, au revers de leurs pédoncules et au verso de leurs racines, connaissez-vous réellement la véritable histoire de nos fruits et légumes ? Il faut dire que du panier à l’assiette, il n’y a qu’un pas mais de la contrée d’origine à la gastronomie française là, la chose est plus complexe… et originale que l’on ne saurait le soupçonner ! Alors laissez-vous guider, enivrer par ces vieilles anecdotes contées auprès du feu des cuisines et arrosoirs du potager ! On vous dit tout sur le passé de nos charmants comestibles !

1713… Amédée François Frézier, ingénieur et espion pour le compte du roi Louis XIV, se retrouve nez-à-nez avec un curieux et très gros fruit blanc aux multiples pépins… Que s’est-il passé ce jour-là pour que le jeune homme préfère s’intéresser à cette plante plutôt qu’à la réussite de sa mission d’observation de l’ennemi ? Perdu dans les hautes forteresses espagnoles du Chili et du Pérou, sa passion botaniste face à l’inconnu est piquée au vif, voilà tout ! Et elle fut si mordante qu’il ne peut s’empêcher de retourner dans le royaume de France avec à bord de son bateau, des plants entiers ! Toutefois, beaucoup ne résistent pas à la traversée et seuls cinq pousses sont rescapées du voyage. Alors plantées dans des jardins botaniques pour tenter de les préserver, les jolies « Blanches du Chili », alors peu goûteuses, se retrouvent croisées avec d’autres espèces semblables originaires de Virginie et autres contrées d’Amérique du Nord… jusqu’à donner notre espèce de fraise actuelle ! Et bien sûr notre cher Amédée François lui a donné son nom !

Autre jeune recrue végétale qui connaît son entrée en scène sous le règne d’un célèbre roi : la pomme de terre, sous Louis XVI… Certainement le nom d’Antoine Parmentier vous dit-il quelque chose aussi ? Oui ? Mais saviez-vous qu’elle était déjà introduite en Europe et ce, dès le XVIème siècle grâce à un navire espagnol ? En réalité, nos pommes de terre étaient déjà cultivées un peu partout sur le continent sauf que les Français les boudaient quelque peu… alors qu’elle est très nourrissante et facile à cultiver ! Pour remédier à cette carence de célébrité, Parmentier a alors la superbe idée de jouer sur les apparences. En faisant garder les champs de pommes de terre du Roi, la curiosité des badauds est attisée… Comment ? Un nouvel aliment cultivé par Sa Majesté ? Mais… si elle est ainsi protégée par des hommes en armes, c’est qu’elle doit valoir son pesant d’or dans la balance ! Et c’est ainsi que les Français redonnèrent une seconde vie et réputation à la pomme de terre, en l’utilisant dans toutes sortes de plats, de la simple purée au célèbre… hachis Parmentier !

Et les reines dans tout cela ? Parlons de l’artichaut, le péché mignon de Catherine de Médicis. En épousant le roi Henri II en 1533, la jeune Florentine apporte à la cour de France tout le luxe et le raffinement de la vie italienne. Dans ses valises, elle amène notamment avec elle l’artichaut dont la culture est attestée en Italie du Nord dès 1466. Dérivée du chardon, la célèbre fleur violette connaît un succès fou chez les Valois et pour cause… il s’agit d’un aphrodisiaque ! Tout le monde en souhaite à sa table et Catherine se délecte du succès gustatif… au point qu’agonisante, elle crut même que c’était le fait d’en avoir trop mangé qui la rendait si affaiblie ! En tous les cas, l’artichaut en a fait voir de toutes les couleurs dans les différentes régions de France puisqu’il est depuis cultivé blanc en Bretagne, vert en Gironde et violet en Provence !

Souhaitez-vous peut-être une histoire plus ancienne? La pomme gagne le gros lot… Originaire du Kazakhstan, elle placerait ainsi ses premières pousses il y a… plus de cinquante mille ans ! Le Néolithique passant par-là, la star des fruits de l’automne se serait ensuite répandue dans toute l’Europe et les archéologues ont même retrouvé la trace de la plus vieille recette aux pommes ratée. En effet, des bouts de celle-ci carbonisés auraient été retrouvés aux alentours du lac de Chalain, dans le Jura ! Par contre, gare à ceux qui voudraient y goûter, il n’est pas certain que les morceaux aient toute l’authentique saveur d’une vraie tarte tatin… Plus tard, d’autres accorderont à la pomme une valeur plus esthétique que gustative puisque de jeunes Alsaciens les accrocheront dans leurs sapins de Noël au XIème siècle !

La carotte elle-aussi nous vient de très très loin, il y a fort longtemps. Provenant d’Afghanistan deux mille ans avant notre ère, elle est déjà sous les feux de la rampe dans le monde antique et tout le monde en était « fanes ». Toutefois, elle allait du pourpre au violet pâle dans ces régions montagneuses… alors pourquoi les connaît-on aujourd’hui oranges ? On doit cela aux Hollandais du XVIème siècle. Dans leurs serres poussaient alors des carottes rouges et blanches. Cependant, ceux-ci étaient soucieux de montrer un gage de fidélité au prince nouvellement régnant d’Orange – de la maison dynastique des Orange. En croisant les deux espèces, les botanistes ont ainsi pu créer notre espèce moderne, devenue la référence sur nos étales ! Et petit bonus, les carottes oranges sont plus goûteuses que leurs consœurs de d’autres pigments !

Plus de romance, dites-vous ? Parfait, passons à l’amande ! Attention, sortez les mouchoirs par la même occasion… Ovide nous conte l’histoire d’amour d’une splendide princesse de Thrace, Phyllis, éprise du héros Acamas, fils de Thésée. Les deux amants se marient mais le jeune homme doit reprendre la mer pour Athènes. Délaissée, Phyllis erre longtemps sur son île et descend neuf fois au port guetter à l’horizon les voiles du navire de son aimé. Or, celui-ci ne revient pas et à sa neuvième venue sur les quais, la princesse décide de se pendre, rongée par le chagrin et le désespoir de ne voir par reparaître son époux. Les dieux, émus, la métamorphose en arbre mais celui-ci demeure stérile et reste d’un gris terne aux abords du port. Le jour de la mort de Phyllis, un spectre apparaît à Acamas qui lui narre la nouvelle. Bouleversé, le jeune prince rejoint alors la Thrace et à son tour frappé de souffrance, enlace tendrement l’arbre dès qu’il le voit. Aussitôt, de magnifiques fleurs banches parfumées se mettent à orner les branches de ce qu’on nomme aujourd’hui, l’amandier !

Allez, une petite dernière plus anecdotique ? L’histoire de l’endive est incontournable pour qui veut briller lors des dîners mondains ! Direction Bruxelles ! Monsieur Bréziers, jardinier-chef de la Société d’Horticulture belge, a le nez plongé dans son armoire, à la cave… Non pas qu’il cherche sa prochaine chemise repassée ou sa chaussette perdue la veille, il y guette plutôt une évolution plutôt curieuse en plein hiver : la pousse de plusieurs pieds de chicorée sauvage rassemblés en un serré monticule de terre. En quelques semaines, une salade pousse en forme de fuseau avec de belles feuilles jaunes et blanches. Cette nouvelle plante, il la baptise « witloof », ce qui signifie « feuille blanche ». Toutefois, les Français ne sont pas encore très doués pour le flamand… En effet, une trentaine année plus tard, la jeune chicorée débarque aux Halles, à Paris. Interrogé sur cette nouveauté, ne sachant que dire et étant quelque peu embêté, le crieur répond agacé qu’il s’agit d’ « endives de Bruxelles »… La capitale disparaît bientôt du nom dans le bouche-à-oreille parisien et seul le terme d’ « endive » resta !


Désormais incollables sur quelques fruits et légumes, vous voilà fins prêts pour la dégustation ! Et on les savoure encore mieux quand on connaît leurs histoires… surtout quand on peut les raconter à ses camarades de repas !

Laureen Gressé-Denois

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